Mon Opticien est au 21


« Avec ce voyage, j’ai vraiment compris pourquoi je faisais ce métier »
Elle l’a fait ! Le 18 janvier 2025, Catherine s’est envolée pour un voyage humanitaire de trois semaines au Sénégal. Objectif de la mission organisée par le Secours Populaire de Pontchâteau : réaliser des dépistages visuels dans trois établissements scolaires de la localité de Démette, dans le nord du pays. De retour le 10 février, elle raconte.
« J’en avais envie depuis longtemps. C’est une expérience extraordinaire, sourit Catherine à son retour du Sénégal. Lorsque Georges Richomme, le secrétaire général du Secours Populaire de Pontchâteau, m’a proposé de participer à cette aventure, je n’ai pas hésité ». Le voyage a été préparé de longue date. Catherine et Georges étaient accompagnés de Léonie, Barbara et Béatrice, trois bénévoles de l’association pontchâtelaine. L’équipe n’est pas arrivée les mains vides. Deux containers, l’un rempli de matériel médical, dont une douzaine de lits médicalisés offerts par l’éhpad Saint-Martin de Campbon, l’autre de matériel scolaire, les avaient précédés. Dans leurs bagages aussi, du matériel de dépistage et environ 500 montures, issues de dons ou de fins de collections, équipées de verre en amont. « Toutes avaient été étiquetées avant notre départ, avec les corrections, explique Catherine. L’équipe du Secours Populaire a fait un énorme travail ». L’objectif premier de la mission était bien là : réaliser des dépistages visuels dans un lycée et une école primaire. « Si j’étais à la manœuvre pour la partie médicale et technique, Léonie, Barbara et Béatrice m’ont beaucoup aidée pour réaliser les questionnaires préalables, prendre l’acuité visuelle, ou encore rechercher les paires correspondant le mieux au besoin du patient. Un vrai travail d’équipe ! Georges, lui, était à la manœuvre pour toute l’organisation. Il tenait notamment mon agenda de rendez-vous. Il connait l’Afrique depuis près de 30 ans. Sans lui, rien n’aurait été possible ».
Plus de 200 examens réalisés
Sur place, l’équipe a réalisé plus de 200 examens, avec l’aide précieuse de jeunes sur place comme interprètes. « Nous avons orienté les personnes dont le cas était trop compliqué vers l’ophtalmologiste le plus proche, à une cinquantaine de kilomètres, reprend Catherine. Le Secours Populaire, avec notre aide sous forme de don, prendra en charge les frais de visite, de transport et de pharmacie. Des taxis collectifs seront organisés pour les emmener chez le spécialiste ». Catherine assurera aussi la continuité des soins. « Les ordonnances me seront envoyées afin que je puisse, avec Gilles, préparer des montures avec la bonne correction, avant de les renvoyer aux patients. Une trentaine de paires repartiront dès le mois de mars. Il est vraiment important pour nous tous d’aller au bout de ce que nous avons entrepris ». Et le projet ne s’arrêtera pas là. Catherine et Gilles comptent envoyer sur place une machine automatique pour tailler les verres, dont ils n’ont plus l’utilité. Un nouveau voyage est prévu en 2026 pour que Gilles puisse former à son utilisation Jules, un infirmier à la retraite. « Lors de cette première étape, nous avons travaillé avec un stock de lunettes pré montées. Disposer de cet outillage sur place permettra demain de réaliser des équipements 100 % adaptés au besoin de correction des patients », explique Catherine.
Résilience et solidarité
De cette aventure, Catherine retient surtout l’extrême résilience des personnes examinées. "Beaucoup de personnes ont des problèmes de vue, mais tout le monde s’adapte. Elles font avec ! Nous avons par exemple équipé le proviseur du lycée qui nous a accueillis. Il nous a confié avoir l’impression de ne pas bien voir depuis l’âge de cinq ans. Ça ne l’a pas empêché de faire des études et de conduire sa carrière. Lorsque j’ai vu toutes ces réactions, ces sourires lorsque nous posions les lunettes sur le nez des patients, j’ai vraiment compris pourquoi je faisais ce métier ». Autre moment fort : les échanges avec les femmes du village, qui se sont déplacées en nombre pour remercier l’équipe pour le matériel livré aux établissements scolaires et au poste de santé. Et qui ne sont pas arrivées les mains vides, puisqu’elles leur ont offert une petite chèvre ! « Cette rencontre avec ces femmes, très solidaires entre elles, a été unique. Nous avons aussi pu découvrir leur quotidien, fait de travaux de transformation des céréales, de poterie ou encore de teinture et de broderie de tissus. Une vraie immersion dans la vie locale ». Rendez-vous donc en 2026, pour poursuivre cette belle aventure humaine.